Table ronde : « Les déchets ménagers : Les collectivités face à leurs nouveaux défis ».
La gestion des déchets représente un défi majeur pour les élus locaux, tant sur le plan financier qu’environnemental. C’est pourquoi, après avoir abordé le sujet de la gestion de l’eau l’année dernière, la table ronde animée par Bruno Leprat, journaliste chez Maires de France, avait pour thème : « Les déchets ménagers : les collectivités face à leurs nouveaux défis ». Pour cela, différents intervenants étaient présents : Christophe Pilch, Président de la Communauté d’Agglomération Hénin-Carvin, Agnès Jacques, Directrice Régionale déléguée de l’ADEME, Anastasia IVANOVSKY, Coordinatrice de l’Observatoire climat et de l’Observatoire déchets-matières, Véronique THIEBAUT, Vice-Présidente de la Communauté de Communes du Sud Artois, Guy ALLEMAND, Président du Syndicat d’Elimination et de Valorisation des Déchets du Calaisis (SEVADEC) et Fabrice Douez Directeur du syndicat mixte de la fibre 59-62.
Cette table ronde a débuté par la mise en lumière des éléments de réussite identifiés dans la gestion des déchets. C’est bel et bien la mutualisation des services entre différentes collectivités au sein de syndicat qui semble le plus efficace. Cela permet de répondre aux attentes des citoyens concernant la collecte et le traitement tout en réduisant les coûts de gestion.
Mais visiblement, il reste un effort à fournir sur le volet prévention et apprentissage. En effet, il est apparu que pour certains, la gestion des déchets se résumait « aux seuls camions qui passent ». C’est pourquoi, cette table ronde a mis en avant le besoin de continuer à sensibiliser les citoyens afin qu’ils prennent toute leur part et soient de véritables partenaires de la gestion des déchets. Pour cela, les actions de prévention et d’ouverture de sites à des publics scolaires sont primordiales. D’autres dispositifs ont été évoqués tels que la communication en temps réel de l’affluence des déchetteries, mais aussi du taux de remplissage des bennes afin que les usagers puissent adapter leur comportement.
Des pistes de travail ainsi que des problématiques ont aussi été soulevées. Par exemple, concernant la maîtrise des coûts, le contrôle d’accès aux déchetteries a été mis en place dans certaines collectivités et a porté ses fruits. Même si cette mesure nécessite un changement de comportement, elle permet de contrôler l’origine géographique des usagers et aide à éviter l’augmentation des coûts. L’intégration de technologies innovantes via l’intelligence artificielle et différents outils numériques, est aussi perçue comme une solution prometteuse pour améliorer l’efficacité des services de gestion des déchets et optimiser les collectes. Ces outils peuvent aider à mieux comprendre les besoins des citoyens et à ajuster les services en conséquence. Finalement, il n’y a pas de solution unique, mais de multiples leviers qui peuvent s’adapter aux territoires.
Certains points de vigilance persistent tout de même à l’issue de cette table ronde. D’abord, l’optimisation des collectes, notamment entre zones rurales et urbaines, est considérée comme une piste d’amélioration, avec par exemple la mise en œuvre de points de collecte volontaire dans les zones rurales. Mais aussi l’évolution des normes environnementales et notamment des directives européennes avec de forts décalages entre les conceptions recommandées quelques années auparavant et leur obsolescence au moment de leur installation effective.
Atelier thématique : « La lutte contre les dépôts sauvages de déchets ».
La problématique des dépôts sauvages de déchets est devenue un enjeu majeur pour les collectivités locales. Ces déchets, abandonnés sur l’espace public, nuisent non seulement à l’environnement, mais également à la qualité de vie des citoyens. Dans un contexte où la propreté des villes et des villages est de plus en plus scrutée par les habitants, les collectivités doivent développer des stratégies efficaces pour lutter contre ce phénomène. C’est dans cette optique que s’inscrit cet atelier qui s’est déroulé en présence de : Brigitte Passebosc, Vice-Présidente de la Communauté d’Agglomération du Boulonnais, Olivier Gacquerre, Mairie de Béthune, Edouard Gayet, Directeur de la DDTM62, Aude Guiomar, Déléguée Générale de Gestes Propres, Jonathan Dessaux, responsable de la Brigade Verte de Vernon et Etienne Thieffry, Procureur de Béthune.
Des enjeux politiques, environnementaux et sociaux.
Les dépôts sauvages de déchets ont un impact néfaste sur l’environnement. Ils polluent les sols, les rivières et les espaces naturels, menaçant la biodiversité. De plus, ces déchets peuvent engendrer des problèmes sanitaires, notamment en attirant des nuisibles ou en contaminant les eaux de surface. La propreté des espaces publics est un critère déterminant dans l’appréciation de la qualité de vie par les citoyens. Les dépôts sauvages peuvent créer une image de négligence et d’insécurité au sein des quartiers, réduisant ainsi le bien-être des habitants. En conséquence, les collectivités doivent agir pour maintenir un environnement propre et accueillant.
Stratégie de Lutte des Collectivités Locales : l’exemple de la ville de Béthune.
Créée en 2016 dans le cadre du plan « Ville propre », le maire de Béthune, Olivier Gacquerre a développé la mise en place d’une brigade verte composée de 4 agents qui ont pour mission de veiller à la propreté des rues de la ville et de repérer les dépôts sauvages, leur provenance et d’effectuer des actions de prévention. Cette brigade, qui est assermentée, dispose de la possibilité de mettre en œuvre des procédures. Cela permet non seulement de nettoyer l’espace public, mais aussi d’établir un dialogue et d’informer les citoyens sur les comportements à adopter.
De plus, la ville a mis en place un service supplémentaire payant pour ceux qui souhaitait que l’on ramasse leurs déchets en dehors des horaires prévues. Ce tarif prend en compte le déplacement des agents (tarif fixe) et le tonnage des déchets ramassés. Ces services supplémentaires offerts aux habitants permettent alors en retour de leur demander de fournir des efforts. En parallèle, la ville de Béthune a développé toute une stratégie de sensibilisation autour de différents publics en incluant les groupes scolaires.
Lutte contre les dépôts Sauvages : différents progrès à faire pour aller plus loin dans la prévention, le contrôle et la sanction.
La gestion des déchets reste un sujet du quotidien avec des problématiques propres, notamment dans les communes rurales. En effet, celles-ci ne disposent parfois pas de moyens suffisants pour agir, la mutualisation et la solidarité intercommunale apparaît donc comme une piste de réponse.
Le volet des sanctions de la lutte contre les dépôts sauvages contient de possibles améliorations. Sur le plan des procédures, elles sont généralement lourdes et tendent à s’éterniser voire à ne pas aboutir. Or, c’est la certitude à rendre des comptes qui limite les comportements inappropriés. Les intervenants ont d’ailleurs insisté sur le fait que lorsque que les procédures aboutissent, il est primordial d’ajouter un volet prévention à la réponse judiciaire afin d’éviter la récidive. Cependant, les affaires liées aux dépôts sauvages restent souvent sans réponse à cause de fortes difficultés d’identification des auteurs des faits. C’est donc tout l’action commune de l’état, de la justice et des collectivités territoriales qui doit tendre vers une meilleure répartition et compréhension des rôles de chacun afin d’apporter des réponses complètes et coordonnées.